Il s’agit de toute façon d’un acte pathologique. Les agresseurs ont utilisé la médiation du sport pour exprimer quelque chose. Ils doivent transgresser la règle établie pour être reconnus. En fait, ils lancent un appel au secours.
Oui. Car les champions sportifs sont de plus en plus médiatisés. Ils ne sont plus protégés par ce mystère, cette aura qui en faisaient des êtres d’exception. Ils sont devenus accessibles, donc désirables mais aussi odieux car ils ont réussi. Le public vibre pour eux mais se sent capable de les détruire.
Non, car le moteur de l’agression est une pulsion sexuelle. Il y a érotisation du geste sportif. D’où l’amour que prétendait porter l’agresseur de Seles pour Steffi Graf. La patineuse, elle, dégage sur la glace une séduction très forte.
Cela marque une volonté de s’approprier la patineuse avant de la détruire. Cet homme a ainsi l’impression d’avoir tout pouvoir sur elle. Il va au bout de sa possession.
Pour reprendre la compétition, elles vont devoir affronter le même public, lui faire confiance. C’est difficile, car elles se croyaient jusqu’à pré- sent en sécurité. La désillusion peut être aussi grave que le traumatisme physique. Une patineuse doit pouvoir exprimer son pouvoir de séduction. Maintenant, elle risque de se dire : si je séduis trop, je peux me faire agresser.
Faut-il craindre que un jour, ces gestes aillent jusqu’à l’homicide ?
Bien sûr. Ces bouffées délirantes peuvent aller très loin. Il aurait suffi que le couteau atteigne un organe vital de Monica Seles...’ »