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Revue "SILLAGES", dans le numéro spécial ayant pour thème : "Le sport comme nouveau champ d’intervention des psychologues"
Le langage du corps sportif : intérêt d’une lecture psychologique
LIEU D’ORIGINE DU TRAVAIL EFFECTUE : I.N.S.E.P. 11 av. du Tremblay, 75012 Paris
mai 1994
Référence bibliographique
CARRIER Claire. Le langage du corps sportif : intérêt d’une lecture psychologique. Revue Sillages, 1994/05, n° spécial, Le sport comme nouveau champ d’intervention des psychologues".

RESUME :

A partir de sa pratique clinique de psychothérapie d’inspiration psychanalytique l’auteur met l’accent sur la manière avec laquelle l’athlète appréhende le mode de communication si spécifique de la pratique sportive intensive. Celle-ci reflète sa position par rapport à son projet sportif dans ses dimensions individuelles et symbolico-culturelles comme sa relation avec son propre développement psycho-affectif. Dans cette lecture qualitative des mouvements psychiques individuels comme collectifs se situe la spécificité si indispensable des approches psychologiques de l’athlète.

MOTS-CLEF : Communication non verbale ; Pratique sportive intensive ; Psychothérapie ; Sensations ;

Comme nous l’avons développé dans notre récent ouvrage, l’investissement sportif de haut niveau pourrait se caractériser par une situation de déséquilibre posée "a priori" qui sous-tend la dynamique de ce processus : déjà à leur "maximum" les athlètes doivent atteindre l’extrême sans tomber dans l’excès. Cet état se complète par la place privilégiée donnée au regard à travers le spectacle du corps dans sa motricité et son esthétique. Ainsi l’accent est mis d’emblée sur un espace non-verbal, pré-linguistique, répondant à des systèmes d’auto-évaluation/appréciation originaux qui doivent constamment rester en éveil afin de garantir la performance.

Ces aspects individuels s’expriment particulièrement lorsqu’on aborde la question de la motivation sur laquelle se fondent les critères de sélection. D’un point de vue objectif, ils sont spécifiques à chaque discipline sportive qui définit ses propres modèles de "haut niveau" en fonction des résultats aux compétitions sélectives. A ce niveau sportif s’associent des éléments médico-physiologiques, psychologiques et environnementaux.

Les données biométriques peuvent parfois être déterminantes : les garçons de 15/16 ans de grande taille (autour de 2 mètres) sont retenus plus spécialement pour le basket-ball, les filles de 12/15 ans, mesurant moins de 1,60 m sont recherchées pour le patinage artistique.

Les tests physiologiques, dominés par le test de la consommation maximale d’oxygène (communément appelé VO2 max) qui renseigne sur les limites de l’adaptation biologique de l’individu à l’effort, apportent des éléments d’évaluation des capacités physiques. Ils ont un intérêt plus grand dans le suivi de la progression d’un athlète d’après ses propres résultats que référée à un échantillon (la population des sportifs de haut niveau ne regroupe souvent pas assez de membres pour autoriser une analyse statistique fiable). C’est dire l’importance de la référence individuelle dans cette recherche de la performance physique par définition encore inconnue de tous donc dans un a priori d’anormalité.

Des tests psychologiques, nous ne retiendrons avec M. Lévèque et J.R. Filliard que le Questionnaire de Personnalité pour Sportifs d’E. Thill pour sa représentation concrète du profil spécifique d’un sportif et le sérieux de sa validation.

Il convient de relativiser les informations obtenues en particulier avec l’histoire de la relation que l’athlète a nouée avec "son" sport. Ainsi en est-il, par exemple, de la compréhension des arguments de non-sociabilité chez des athlètes pratiquant un sport individuel depuis l’enfance : s’agit-il d’un renforcement d’un trait de personnalité ou d’un phénomène induit/acquis par la nature-même du sport pratiqué ? Il est probable que la réponse soit une intrication de ces deux mouvements.

Les aspects environnementaux sont dominés par le vécu familial du "haut niveau". Il est certain que la sélection d’une jeune judoka qui, depuis l’âge de 4 ans, "tire" avec son père ex-champion, sera, de manière générale, mieux accueillie que la même sélection proposée à une jeune fille devant convaincre ses parents de l’intérêt de ce choix. Là est attirée l’attention sur le fait qu’il semble plus facile d’être champion dans une famille de sportifs ayant l’expérience du haut niveau... non à la manière d’une reconnaissance a priori non-conflictuelle telle "être médecin dans une famille de médecins...", mais plutôt dans une sorte de continuité entre le système familial et la "matrice pare-excitante" que le cadre sportif met en place autour du champion. Celle-ci permet de reporter à la fin de la carrière sportive la question si angoissante de l’autonomisation.

Du point de vue de l’athlète, l’analyse des motivations n’est guère plus simple. Certainement plurifactorielles, conscientes et inconscientes, elles sont abordées, en général, sous forme psychométrique. Qu’elles soient dominées par un besoin de compensation socio-familial (par la valorisation du groupe d’origine, par certains avantages financiers, par l’accès à une vie qui, du fait de ses rencontres ou voyages aurait été interdite...) ou corporelle (une grande taille peut être vécue comme une monstruosité dans une famille dont la taille moyenne est 1,70 m.) par une recherche d’affirmation, par un goût de la compétition... elles n’en sont pas moins variables dans le temps de la carrière sportive comme dans la pratique sportive elle-même.

Quoi qu’il en soit de tous ces paramètres conjugués et lus d’un point de vue diachronique comme synchronique, il apparait que l’histoire de l’arrivée dans la société sportive est individuelle. Elle correspond à une coïncidence d’intérêt et d’objectif, matérialisée par la recherche du corps performant, entre le groupe des sportifs de haut niveau et l’athlète. Difficilement verbalisable, il s’agit souvent de la part des sélectionneurs d’une intuition du "potentiel physique et psychique" de tel adolescent... voire même d’un véritable "coup de foudre"... rencontrant chez cet athlète une "envie de gagner" finalement indépendante de la discipline sportive elle-même.

Et nous rejoignons bien E. Thill qui, à la fin d’un excellent ouvrage répertoriant les théories actuelles de la motivation, reconnues comme étant essentiellement cognitives, conclut ainsi : "de cette présentation. Ressort l’idée qu’il n’y a pas de théorie universelle, ni de bonne ou de mauvaise théorie de la motivation. Elle a également fait ressortir les nombreuses stratégies possibles de motivation, en matière d’engagement des jeunes dans des apprentissages moteurs ou d’accès à des niveaux d’excellence. En ce sens la pédagogie devient un art, non pas parce qu’elle trouve ses fondements dans des formes d’intuition, mais à travers l’élaboration de principes qui découlent de la complexité des variables mises en jeu."

Or la spécificité du sport réside dans le fait que ces variables apparaissent dans le registre de la communication non-verbale.

Il est frappant de remarquer que le milieu sportif est un monde où les mots et le contexte du discours n’ont pas de place. Le "sportif" supporte mal le discours sur le sport comme si rechercher la moindre corrélation explicative blessait sa personne-même dans sa liberté et son intimité. Le sport "est" sans aucune nécessité de justification et, en cela, expliquant mais non expliqué, il donne prise à tous les phénomènes d’idolâtrie et de magie. Y. Vargas nous donne la preuve de ce "reflet d’une figure divine dans un fait social humain", en nous exposant qu’il n’existe pas de littérature sportive à proprement parler. Il n’y a pas de fantasmatique autour du discours sportif comme en témoigne le commentaire sportif qui n’est là que pour réfléchir les faits sportifs : cette succession de faits sportifs a la caractéristique de fonctionner dans un miroir, dans une réverbération constante par rapport à l’acte sportif sans aucune place pour l’affectif ou le symbolique. La dimension informationnelle, non verbale, est aussi notable à travers le spectacle lui-même : il est simple, mono-idéique. La seule question qui se pose est : qui va gagner ? On peut, devant cette remarque, parler d’un spectacle "an-historique". Directement prévisible et aléatoire, il se différencie de ce qui serait de l’ordre de l’historique c’est-à-dire non prévisible et nécessaire. Nous précisons cette notion avec M. Augé qui nous propose de revenir " à ce qui constitue la pratique sportive en sa différence historique. C’est précisément parce qu’elle n’échappe pas à l’histoire que la raison du sport échappe au sport. Mais c’est parce qu’elle échappe au sport qu’elle ne se réduit pas à l’histoire."

L’impossibilité de suivre un entraînement par correspondance met l’accent sur la spécificité du code de communication installé entre l’entraîneur-supposé-savoir et "son" athlète. Une autre preuve indirecte pourrait être l’enregistrement sonore d’une séance dont l’écoute différée ne saurait en aucun cas permettre la reconstitution. En effet, l’enseignement consiste en la transmission d’une "pensée technique" par des entraîneurs qui partagent une unité de lieu avec les athlètes.

Ce message, essentiellement cognitif, se retrouve dans les écrits et les discours caractérisés par ses affirmations et ses explications à la limite du péremptoire. Ils doivent certifier alors même que l’explication parfaite ne peut exister. A côté de ce discours officiel apparemment inadapté à la situation se développe tout un langage instantané regroupant tous les canaux de communication : "la parole du transmetteur est partagée entre l’explication (présence d’un savoir savant et surtout de métaphores et d’images) et l’implication, la consigne et le conseil, la description des mouvements et la manifestation du contact, qu’il soit visuel, auditif. Ainsi le corps du transmetteur est concerné dans sa globalité. Sa gestualité déborde largement la simple démonstration et son importance semble d’autant plus grande que la transmission verbale bute sur la difficulté de tout dire. L’enjeu de cette gestualité grandit avec la spécificité même de cette transmission : "communiquer le maximum d’informations sur une technique dont tous les éléments ne sont pas rigoureusement connus ou totalement maîtrisés, relayer ou affirmer une parole qui n’aurait jusque là pu permettre de tout résoudre. La multiplicité de sens des déplacements de l’entraîneur devient dans ce cas inévitable Le signe gestuel conserve incontournablement ici une équivoque".

Ainsi, cette "pensée technique" se transmet essentiellement par imitation et renforcement de situations par des cris, des onomatopées, des contacts corporels stimulant/accompagnant l’intégration de la sensation recherchée, sensation qui, elle-même, motive/sous-tend le mouvement donc l’exercice musculaire.

On peut remarquer deux grandes catégories de signaux : les informations faites pour être vues du pratiquant, ou messages visuels, et des informations faites pour être physiquement "éprouvées" par lui, ou messages kinesthésiques (essentiellement à partir du toucher et de la proxémie). Cette deuxième catégorie est surtout le fait des entraînements individuels et caractérise une sorte de connivence intime créant une néo-communication entre l’entraîneur et son athlète. Quant aux messages à vocation visuelle, il est intéressant de remarquer qu’ils sont eux-mêmes réélaborés en vue de la transmission, le geste figuré n’est pas en général celui qui est entendu, il a subi une opération de déformation et de métaphorisation afin de le rendre "mieux senti" pour l’interlocuteur. Ainsi le geste dépasse le discours technique, voire même le transgresse pour le caricaturer. Cette "accentuation" permet une incarnation de ce même discours. Il ne s’agit plus ici d’un message devant être intelligible, mais bien plutôt devant prendre figure dans l’espace psychique grâce à l’intégration de sensations par analogie (tu griffes le sol. il faut battre l’eau. boulonne ton bassin. etc).

Le discours entourant le geste sportif varie suivant les spécialités étudiées. Les corrections en gymnastique se font par l’entraîneur qui, touchant directement "son" athlète par des manipulations, tractions, pressions lui demande de "sentir" son corps dans une position donnée alors que l’athlète lui-même ne peut se voir. Ailleurs l’information passe, à travers le langage, du regard de celui qui observe la globalité du geste d’un athlète, à la perception/intériorisation de cet équilibre par l’athlète lui-même. Il en est de même pour les jeunes filles pratiquant la natation synchronisée ; elles doivent apprécier leur verticalité en fonction de la position relative des différentes parties de leur corps (appréciée dans le double registre d’une adaptation aérienne et aquatique) sans autres repères que leurs propres sensations.

Observation de Francis

Ce gymnaste, âgé de 17 ans, m’a été adressé par le médecin de l’équipe parce qu’il avait des périodes d’excitation et d’absentéisme aux entraînements. "C’est un enfant très fuyant" dit son entraîneur, "je ne peux rien en faire" ; scolarisé en terminale, il est externe et donc n’est pas intégré complètement dans l’équipe des autres gymnastes internes. Cet adolescent frappe par son contact mature et son intelligence de la situation : il souhaite maintenir de front ses examens et sa carrière gymnique "même si j’ai commencé très tard, dit-il, vers 10 ans". Son entraîneur confirme "il est très doué : il n’a jamais été blessé et jusqu’à présent il a gagné toutes les sélections".

Lors de l’entretien, il décrit "sa" fatigue comme des moments où "il ne sent plus son corps". Il faut préciser qu’alors, il se trouve en dehors du gymnase, donc dans un espace anonyme ; or pour lui ce qui compte le plus "avec l’impression de voler et d’être plus fort que les lois de la gravité qui collent tout le monde au sol... c’est d’être regardé... en gymnastique, on est toujours regardé, soit par les entraîneurs, soit par l’autre, soit par soi-même reflété dans le miroir et c’est peut-être là le plus important ; un gymnaste qui ne peut pas avoir accès à cette vision extérieure de lui-même du dedans de lui-même ne peut pas être un bon gymnaste, il faut être à la fois bien conscient des sensations internes comme des sensations externes comme si soi-même on était son propre spectateur". A ce moment-là, il acquiesce à la compréhension de l’image du geste sportif comme interface se situant dans le plan d’un miroir fictif entre "l’apparence" pour reprendre son terme et ce qu’il ressent à l’intérieur.

De plus, les mots éventuellement utilisés se réfèrent à un langage que l’on pourrait situer comme étant opératoire car dénué de toute fantasmatique, "gommant" tout l’acquis linguistique des athlètes, (ce sont des adolescents normalement scolarisés). Et nous retrouvons là, la "période opératoire" du développement de l’enfant décrite par J. Piaget : elle est caractérisée par une pensée logique (intégrant l’idée de permanence et de transformation) appliquée à des opérations concrètes qui doivent rester peu ou prou attachées à des objets perceptibles.

Là se fonde probablement la dimension apparemment secrète de la transmission de ce type de savoir. Peut-être est-ce là, également, l’origine de l’adage malheureusement si populaire : "les forts en thèmes sont des débiles moteurs, les forts en gym sont des débiles mentaux..." qui, au regard de l’homogénéité entre performances sportives et intellectuelles, se révèle faux. Ainsi, plutôt que d’un défaut, il s’agit d’une autre expression de l’intelligence dont la souplesse du passage d’un registre à l’autre signe la valeur.

Par ailleurs, il est important de remarquer que les modes de transmission interindividuelle donnent une place structurante au toucher.

En effet non seulement les contacts corporels font partie des moyens d’apprentissage mais encore ils sont inclus dans les règles de jeu. Il peut s’agir d’une inscription de type caricatural pour les disciplines de combat et leur corps à corps direct ou médiatisé (par une arme, par exemple l’escrime où l’on parle de compter le nombre de "touches") ou non épargnée par l’ambivalence : dans les sports collectifs de ballon ne parle-t-on pas de "toucher la balle" comme de "rester sur la touche" ? Dans ce monde du sport l’interdit du toucher est levé et peut-être est-ce là un des paramètres facilitant le "vide" de la pensée puisque cet interdit est un des régulateurs de l’accès aux processus de symbolisation.

Ainsi les sensations phylogénétiquement les plus archaïques, primaires, redeviennent valorisées. La répétition des gestes, en s’appuyant sur la notion de "recommencer à zéro" introduit la notion d’un espace dans lequel peut s’exprimer un déni du vieillissement. Cette notion est renforcée par la labilité des acquis des nouvelles sensations : une gymnaste qui ne s’entraîne pas pendant un mois perd ses sensations et doit se ré entraîner pour aboutir au même développement. Et le discours codé, "logique", en shuntant le fonctionnement imaginaire, protège de penser la menace incestueuse de la puberté. Alors que la croissance musculaire et la motricité sont les points objectifs de focalisation des entraînements, les modalités de transmission et d’évaluation du savoir-faire se situent au niveau d’une interaction entraîneur-athlète, de manière privilégiée, dans la subjectivité du champ des émotions et des sensations. Ceci n’est pas sans évoquer la notion du "dialogue tonique" développée par H. Wallon pour décrire la communication de l’enfant avec autrui, d’abord fondée sur la motricité. De même que, selon cet auteur, les découvertes intellectuelles de l’enfant passent par des jeux d’oppositions qualitatives avant d’être quantitatives.

La manière avec laquelle l’athlète appréhendera ce mode de communication reflétera sa position par rapport à son projet sportif dans ses dimensions individuelles et symbolico-culturelles) comme sa relation avec son propre développement psycho-affectif. Et nous pensons que dans cette lecture qualitative des mouvements psychiques individuels comme collectifs se situe la spécificité si indispensable des approches psychologiques de l’athlète.

Ceci est d’autant plus important que cet aspect qualitatif si intime au vécu sportif contraste avec les conseils (ou même directives) quantitatifs de maîtrise, mesures qui le prescrivent et signent la connivence de la communication réciproque entraîneur-athlète. Ce contraste entretenu, stimulé, maintient une tension interne souvent à la limite du supportable, tension/excitation qui se traduit par la mise en place d’un Etat anxieux nécessaire au dépassement des limites tant physique que psychiques lié à l’extrême de la performance.

Nous pouvons aussi constater que tous les adjectifs retenus par J. Miermont pour définir la communication : "multi-sensorielle, multi-canaux, multi-contextuelle, multi-médias" sont ici reconnus. Or, cet auteur nous précise : "une communication devient symbolique entre deux sujets quand une instance interne et/ou externe est en position tierce par rapport à eux et en permet une certaine objectivation". Alors, le projet institutionnel ne serait-il pas que le duo entraîneur-athlète condense, à chaque instant, les deux parties du symbole /image de l’acte sportif performant, épargnant ainsi le "travail" de symbolisation ? C’est autour de cette hypothèse argumentée dans notre thèse récente, que nous évoquons une lecture de la performance sportive comme preuve de la réalité de ce que nous appelons un "bloc identitaire bicéphale".

Ce sont les cas de défaillance, d’ambivalence, de dysfonctionnement de ce système dyadique qui, par leurs déséquilibres, interpellent les différents partenaires et amènent à une demande d’accompagnement psychothérapique individuel o en groupe. Si un athlète atteignant ces niveaux d’entrainement ne formule pas directement une demande d’aide, il nous est apparu essentiel, dans notre pratique, de respecter son nouvel équilibre tant physique que psychique. Dans ces cas, nous avons eu l’occasion de proposer des entretiens familiaux en présence des entraîneurs et des cadres techniques afin d’harmoniser la dimension "pare-excitante" du groupe protégeant l’athlète de tous conflits extérieurs à ceux générés par la situation de la compétition elle-même. Alors le respect de la personne du sportif passe par une voie indirecte : celle de la prise en compte de la situation par le groupe. Là est mis l’accent sur l’importance de la formation et de la sensibilisation des entraineurs et des cadres techniques à la complexité de la relation entraineur-athlète. Apparaît également la richesse des approches psychologiques qui par leurs différences méthodologiques permettent des réponses nuancées, adaptées à la pluralité des niveaux de lecture de l’expression/reconnaissance du symptôme ou de la demande.

- Il s’intéresse aux dimensions de la personnalité sous-jacentes au comportement en situation d’entraînement ou de compétition : le domaine de la motivation (désir de réussite), le domaine de l’activité (endurance psychologique, modalités spatio-temporelles de l’activité, compétitivité), le domaine du contrôle (modalités du passage à l’acte, prise de risque, contrôle émotionnel, résistance psychologique) ; le domaine de la relation (extraversion/intraversion, dominance, agressivité, sociabilité, coopération) ; il est complété par une échelle de désirabilité sociale appréciant la sincérité du sujet dans cette entreprise d’auto-estimation de sa personnalité.

- Le terme de "pare-excitation" fait partie du vocabulaire initial de S. Freud qui va le situer petit à petit dans un rôle purement fonctionnel de limitation des excitations et de leur diffusion. En ce sens, nous le retenons comme relatif à la fonction contenante, organisatrice, protectrice et explicative, liante de la mère(ou de son substitut) dans ses premiers échanges avec son bébé.

- Carrier C. L’adolescent champion Contrainte ou liberté, Paris, PUF, 1992

- Filliard J.R., Lévèque M. Traits de personnalité et disciplines sportives, Présentation et description des résultats EVAREG (Q.P.S. de Thill), Paris, Ed. INSEP, 1990

- Thill E., Motivation et stratégie de motivation en milieu sportif, Paris, PUF, 1989, (p. 199-200)

- Vargas Y., Sur le sport, Philosophies, 1992, 34, 41-47.

- Augé M., Sport, religion et violence Débat entre A. Ehrenberg, R. Chartier et M.Augé, Esprit, 1987, 4, 63-70, (p. 70).

- Vigarello G., Vives J., Gestualité de l’entraîneur et techniques corporelles, EPS, 1989, 216, 12-18.

- Piaget J., La psychologie de l’intelligence, Paris, A. Colin, 1947.

- Wallon H., L’évolution psychologique de l’enfant, Paris, A. Colin, 1968.

- Miermont J., Ethologie et développement de l’enfant, Traité de psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent, Paris, PUF, 1985, I, 121-141, (p. 20).

- Carrier C., Investissement sportif de haut niveau et économie psychique du sujet, Thèse de Doctorat de IIIème Cycle en Psychologie Clinique, Université Paris VII, 1993

 

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