Quelle place existe-t-il pour la famille d’athlètes mineurs au sein d’institutions sportives dédiées au haut niveau, dans des sports où une maturité précoce est exigée ?
Il n’y a pas d’âge pour la performance sportive. En confiant à ces institutions leur enfant mineur, les parents doivent être conscients qu’ils le dirigent vers un projet qui change le cours de l’éducation naturelle qu’ils avaient prévu pour lui. L’échelle de la progression à très haut niveau est avant tout commandée et évaluée par le monde sportif. Par conséquent, les parents doivent accepter que la performance, le résultat sportif leur échappent. L’entraîneur va forcément désynchroniser ce qu’ont fait les parents. Ce processus de déprogrammation, reprogrammation et évaluation est de la responsabilité et de l’expertise de l’entraîneur. Depuis leur place, les parents ne peuvent exercer de contrôle.
Comment les parents peuvent-ils se positionner par rapport à l’entraîneur de leur enfant ?
Ils doivent soutenir leur enfant pour que, dans cette déprogrammation du naturel, l’enfant ne se « casse » pas. Un entraîneur de très haut niveau a besoin d’un regard supportant et confortant des parents pour affûter à chaque instant un juste rapport risque-sécurité. Ils ne doivent pas entrer en rivalité avec lui sur son travail, mais rassurer l’enfant afin qu’il ose son extrême. Celui-ci ira au maximum (voire à l’extrême) de ses compétences aidé par l’entraîneur et soutenu par ses parents. Il faut tout au long de la carrière une confiance et un respect réciproque absolus pour que l’enfant ne soit surtout pas un otage : dans ces circonstances, les accidents les plus graves surviennent. Mieux vaut alors tout arrêter. La compétition est réservée au sportif. Parents et staff technique, sportif, médical sont entre eux dans un principe de coopération.
Est-il possible d’entraîner à haut niveau sans être autoritaire ?
L’autorité chez un entraîneur de haut niveau est naturelle. Son expérience fait autorité. C’est sa force. C’est pour elle qu’on le choisit. Encore faut-il qu’il puisse l’exercer en plénitude sans la résoudre à une peau de chagrin : les décisions arbitraires. Sa mission est d’amener son sportif au sommet de son art. Et c’est une longue histoire. Si des mots durs sont prononcés pour stimuler ou réveiller, d’autres, bienveillants, sont dits aussi. On ne peut retirer les mots de leur contexte. Sinon, ils risquent de ne dire que ce qu’on veut leur faire dire... Et dans ce hors-sujet, l’enfant est négligé : c’est le pire.