La transformation corporelle sportive se focalise sur le muscle squelettique strié : organe identique pour les deux sexes. Elle exalte un corps musculaire neutre au regard de la sexuation.
Conçu et entraîné pour conquérir le territoire de son adversaire, pour dominer son environnement, le corps du sportif est animé d’une mâle énergie. Sa puissance et ses qualités explosives en font une démonstration phallique qui conforte la puissance des hommes et rendent perplexes les femmes.
Lorsqu’elle est apparemment sexuée de type androgyne, la sculpture musculaire sportive est le produit de la spécificité de l’entraînement dans chaque discipline et non celui du jeu des hormones sexuelles endogènes. L’hypertrophie de la ceinture scapulaire des gymnastes est la conséquence de la sollicitation constante de la marche et des équilibres sur les mains.
Les sportives accomplies en perdent certains caractères : leurs seins et leurs hanches s’effacent, leurs épaules se développent, leur cou s’élargit. Avec eux disparaît leur confiance en leur sex-appeal : n’étant plus une poupée fragile, elles deviennent l’égale des hommes. Le doute est tel qu’il a mené à la mise en place d’un test de non-masculinité obligatoire pour participer aux JO.
En réaction, certaines cherchent à rattraper leurs images : elles acceptent de s’exhiber souvent de manière plus provocante que n’y est prête leur maturité affective et sexuelle. La pratique sportive devient le théâtre d’une féminité surjouée. Cohérente avec l’objectif des énergies déployées, elle se fait dans le sens du sport : les griffes d’attaque tricolores des nageuses françaises. D’autres, extrême inverse, préfèrent accentuer leur déféminisation en valorisant leur look unisexe.
Dans ce contexte, comment respecter l’égalité des chances avec les pays de culture et traditions différentes (les compétitrices afghanes sont en pantalon) ? Où est la vérité ? Chez la fausse vraie femme ou le vrai faux homme ? Vive la stabilité du genre neutre du sportif ! Elle se fait l’écho de celle du mot grec athlon, racine étymologique de athlète : ni masculin ni féminin, il condense aussi l’acte performant et la récompense.
Ainsi, l’équilibre global du sportif comme de la sportive de haut niveau est de l’ordre d’une virilité construite autour d’un constant dialogue entre le pôle masculin (énergétique émetteur : le yang, force, énergie, esprit) de ses prises de risques et le pôle féminin (énergétique récepteur : le yin, la matrice, la forme) de son endurance. Il en joue manifestement lors des occasions que lui procurent les postes de jeu (attaquant et défenseur). De même quand une discipline féminine (patinage artistique) est pratiquée par un garçon ou une discipline masculine par une fille (lutte, rugby).
Pourvu simplement que cette neutralité sexuée sportive n’entraîne pas une neutralité sexuelle affective !
Claire Carrier